Me Danilo Di Vincenzo voit le monde du travail comme un moteur de l’évolution de la société

  • 22 février 2016
  • ABC-Québec

Le président de la section de droit du Travail et de l’emploi, Me Danilo Di Vincenzo, avocat au cabinet Le Corre & Associés répond à nos questions au sujet de son cheminement de carrière et de son domaine d’expertise.

Question : Vous avez étudié en relations industrielles à l’Université McGill et en droit à l’UQAM. Pourquoi avez-vous choisi de devenir avocat?

Réponse : Au secondaire, j’avais découvert que l’admission en relations industrielles à l’Université McGill était possible sans les mathématiques. J’étais donc libéré de mes résultats désolants en mathématiques, mais je ne maîtrisais pas l’anglais! J’ai eu l’extraordinaire chance d’être admis dans un cégep anglophone de Montréal, Marianopolis College, où en deux années intenses, j’ai eu l’occasion d’acquérir un niveau d’anglais permettant d’entreprendre des études universitaires en anglais. À McGill, j’ai découvert la négociation collective qui m’a particulièrement intéressée. Pour continuer à étudier ce concept, j’avais décidé de m’inscrire soit à la maîtrise en relations industrielles ou en droit, dans l’intention de pratiquer les relations du travail. Le droit a primé et, à l’UQAM, j’ai évolué dans un environnement assez différent et formateur. Mon parcours académique m’a préparé à travailler tant du côté syndical que patronal. Sincèrement, j’ai le privilège de pouvoir exercer le métier que je voulais pratiquer quand j’allais être grand!

Q. : Pouvez-vous résumer votre parcours professionnel?

R : J’ai effectué mon stage au sein des services juridiques de la Commission des normes du travail, où j’ai eu un maître de stage hors pair, Me Dominic Ambrosio. J’ai commencé rapidement à pratiquer comme avocat plaideur, ce qui a été un avantage important. La Commission reste encore à mon avis un excellent endroit où faire son stage.

Quelques semaines plus tard, en janvier 2000, j’ai été embauché au cabinet Le Corre et associés pour un remplacement de congé de maternité et j’y suis toujours! Nous étions alors un groupe de 5 avocats et nous sommes aujourd’hui une formidable équipe de 19 professionnels, exclusivement en droit du travail patronal. J’ai eu la chance d’avoir un mentor exceptionnel, Me Claude Le Corre, qui m’a appris mon métier et qui continue, encore aujourd’hui, d’être une source de sagesse, notamment en matière de négociation collective.

Q. : D’où vous vient votre intérêt pour le monde du travail?

Danilo Di VincenzoR. : Probablement de mon intérêt pour l’histoire et la politique. L’histoire et la société du Québec moderne ont entre autre été façonnées par d’importants conflits de travail. Le travail occupe une place importante dans la vie de chaque individu, ça touche tout le monde. La main-d’œuvre fait aussi partie des préoccupations des entreprises modernes. Les relations évidentes entre les besoins et les attentes des salariés et des employeurs, le pouvoir de négociation de chacun ainsi que l’influence du mouvement ouvrier dans diverses sociétés d’ici et d’ailleurs suscitent ma curiosité.

Q. : Qu’est-ce qui vous a mené à pratiquer du côté de l’employeur en droit du travail?

R. : Ma formation en partie à McGill et à l’UQAM et mon passage au contentieux de la Commission des normes du travail m’ont d’abord préparé à représenter les deux parties et mes connaissances en relations industrielles me donne l’avantage de mieux comprendre les défis auxquels font face mes clients des ressources humaines.

C’est une opportunité de carrière qui m’a amené à représenter exclusivement des employeurs, et c’est avec cette partie que j’ai acquis mon expérience. Mais peu importe qui nous représentons, nous sommes avant tout des avocats soumis à des obligations importantes envers nos clients et le Barreau. Des deux côtés de la table de négociation, je rencontre des professionnels d’une compétence remarquable.

Q. : Vous avez une formation en négociation et résolution de conflits. Comment cela s’inscrit-il dans votre pratique?

R. : Plus que jamais, notamment depuis l’entrée en vigueur de la réforme du Code de procédure civile, la pratique du droit requiert la connaissance et l’ouverture aux modes alternatifs de résolutions de conflits. En droit du travail, les avocats ont une longueur d’avance dans ce domaine, car ces outils font partie de notre quotidien depuis longtemps. Une des particularités des relations du travail est que les parties continuent d’interagir malgré leurs conflits. Nous sommes d’ailleurs en quelque sorte obligés de trouver des solutions. Les procureurs de droit du travail sont donc expérimentés quant aux diverses formes de négociation, de médiation ou de conciliation permettant la recherche d’une solution gagnant-gagnant.

Q. : Quels sont les principaux enjeux juridiques actuels en droit du travail?

R. : Au Québec, la création de la  Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) et du Tribunal administratif du travail (TAT) constitue un changement important. Aussi, le législateur a annoncé son intention de donner le pouvoir aux municipalités de décréter les conditions de travail. Les développements seront à surveiller et il sera intéressant de voir comment cela s’articulera sur les plans politique, social et juridique.

Q. : Vous êtes membre de l’ABC-Québec depuis 1996. Qu’est-ce que ça a apporté à votre pratique?

R. : Je n’avais pas réalisé que j’étais membre de l’ABC-Québec depuis 20 ans! Je me suis d’abord inscrit comme étudiant dans le but de demeurer informé. À l’époque, les sources d’information facilement accessibles étaient moins nombreuses. Depuis, j’ai maintenu mon adhésion, principalement en raison de la qualité des activités de formations offertes. Les sujets sont d’actualité et les conférenciers sont des experts chevronnés dans leur domaine.

Q. : Vous êtes président de la section de droit du Travail et de l’emploi. Pourquoi est-ce important pour vous de vous impliquer au sein de l’ABC-Québec?

R. : Comme je vous l’ai mentionné au début, j’ai eu la chance de faire des rencontres qui m’ont permis de grandir professionnellement. Avec beaucoup de modestie, je crois qu’il est important, chacun à notre manière, de rendre à sa communauté professionnelle ou autre ce qu’elle nous a offert. Les membres de notre section, comme ceux des autres sections que nous rencontrons lors des activités, sont des avocats dévoués et disposés à partager leurs connaissances. L’ABC-Québec est la plateforme idéale pour avoir des échanges professionnels conviviaux.

Q. : Qu’est-ce que la section de droit du Travail et de l’emploi a à offrir aux avocats qui évoluent dans le domaine?

R. : La section de droit du Travail et de l’emploi est un lieu de rencontre et d’échange qui regroupe des représentants des principaux cabinets pratiquant en droit du travail au Québec. Mon rôle consiste à maintenir la porte ouverte à un forum d’échanges convivial entre des avocats représentants normalement des parties opposées. Nous avons souvent des discussions animées, mais toujours professionnelles et enrichissantes pour tous les participants. La pluralité des points de vue est également un avantage important de l’ABC-Québec par rapport à d’autres organisations.

Cette diversité est également présente dans le choix de nos conférenciers. Le 26 février 2016, Me George Vuicic du cabinet Hicks Morley, président de la section de l’ABC nationale de droit du travail et de l’emploi et ami de la section québécoise, présentera, pour la 3e année, une rétrospectives intitulée Décisions marquantes à travers le Canada en droit du travail et de l’emploi en 2015. Il traitera des décisions rendues ailleurs au pays, tant dans d’autres provinces qu’au niveau fédéral, qui peuvent influencer le droit québécois.

Q. : Quelles sont les particularités de cette section de droit?

R. : L’exécutif de la section de droit du travail et de l’emploi compte 13 membres au dévouement incomparable. À l’image de la pratique juridique dans notre milieu, nous regroupons des avocats représentant des employeurs, des syndicats, des salariés ainsi que des membres neutres, tels que des arbitres de griefs. Les membres proviennent du secteur privé, de l’administration publique, des entreprises ou des syndicats. Cette diversité permet de créer des activités favorisant la réflexion ainsi que la rencontre des intérêts variés et diversifiés de nos plus de 350 membres.