Dîner présidentiel 2011 - Aider les enfants de la guerre : mettre fin à la violence et à l’impunité

  • 14 mai 2011
  • Me Louise Vadnais, www.louisevadnais.ca avocate rédactrice professionnelle

Maître Gerry Apostolatos, président de l’ABC-Québec, L’honorable Louise Mailhot, présidente d’honneur, Docteure Samantha Nutt, conférencière, Maître Michèle Gamache, lauréate du prix Jules-Deschênes, Maître Rod Snow, président de l’ABCC’est une salle comble qui a chaleureusement applaudi la conférence, Le rôle des avocats dans l’avancement des droits humains sur la scène internationale, de la fondatrice de War Child Canada la Dre Samantha Nutt lors du Dîner présidentiel de l’ABC-Québec le jeudi 12 mai dernier au Loews Hotel Vogue.

Le président de l’ABC-Québec Me Gerry Apostolatos et la présidente d’honneur l’honorable Louise Mailhot, ont coanimé la soirée qui s’est déroulée sur une note d’élégance et d’humour en présence de distingués invités dont le juge en chef du Québec l’honorable J.J. Michel Robert, le juge en chef de la Cour supérieure l’honorable François Rolland et le président de l’ABC Me Ron Snow.

Le Dîner présidentiel a aussi été l’occasion de souligner le 70e anniversaire, en 2011, de l’accession des femmes à la profession alors que l’honorable Louise Mailhot, pionnière du droit, première avocate du Barreau de Montréal à être nommée, en 1987, juge à la Cour d’appel du Québec, une femme aimée et respectée de tous, s’est jointe au président Apostolatos pour saluer cette victoire des femmes.

« Assister à la conférence de la Dre Nutt, a fait valoir le président Apostolatos devant plus de 200 convives, c’est déjà faire un pas significatif pour réagir à “l’horreur et à la cruauté absolues de la guerre”, un geste en faveur des droits humains, de la justice sociale et de la paix dans le monde. »

Le viol : une arme de guerre 

Dre Nutt qui, avec War Child Canada, apporte une aide humanitaire de première ligne aux enfants et à leur famille dans les secteurs les plus dévastés de la planète, a livré un poignant témoignage de son expérience en République démocratique du Congo (RDC) où règne un conflit qui a fait plus de 5 millions de morts depuis 1997 et où près de la moitié des combattants sont des enfants soldats.

Le cas d’Aline, une jeune Congolaise de Bukavu à peine âgée de 13 ans et victime de viol est la norme : « Le viol est une arme de guerre si omniprésente en RDC que ce conflit a été décrit comme « la guerre contre les femmes », a fait valoir Dre Nutt.

« Souvent, a ajouté la conférencière, des petites filles âgées d’à peine 8 ans sont enlevées et maintenues de force dans la brousse comme esclaves sexuelles ou encore mariées à des chefs de milice. »

Le coltan au cœur de la guerre

La Dre Nutt dénonce le lien direct entre le nombre de crimes d’une violence extrême et la présence en RDC de mines de coltan, un minerai indispensable dans la fabrication des téléphones cellulaires et dont la demande est sans cesse croissante.

« Le commerce illégal des ressources en RDC génère des millions de dollars par an ce qui permet de financer les milices qui recrutent enfants et jeunes et qui ciblent filles et femmes. À tous les échelons, police locale, états voisins, multinationales, tous profitent du chaos social qui règne au Congo. »

Aider Aline : par où commencer? 

Aider Aline certes. Mais par où commencer? « C’est facile de se convaincre que c’est le travail des Nations Unies », a relevé la conférencière.

« Or, ce que j’ai appris de mes 15 années de travail sur le terrain, c’est qu’il faut investir dans des initiatives locales non seulement afin de renforcer les infrastructures de la santé et de l’éducation, mais aussi investir dans la formation d’avocats, de juges, de policiers. C’est le premier pas pour mettre fin au cycle des violences et au climat d’impunité en RDC. War Child Canada s’y emploie depuis 3 ans, mais la tâche est immense. Les enfants réclament notre aide. »

Mettre fin à la violence et à l’impunité 

La Dre Nutt a lancé une phrase butoir, dans un moment qui a fait sourire son auditoire : « Notre monde a besoin de plus d’avocats! Je suis persuadée qu’à l’avenir, ce ne sont pas les docteurs, les politiciens ou les ingénieurs qui feront avancer les droits humains, mais bien les avocats et les juges. »

Convaincue et convaincante, Dre Nutt a reconnu d’emblée que les avocats n’entendaient pas souvent, ou n’avaient même jamais entendu cet argument : « Je serai donc la première à le dire! Car ce n’est qu’en facilitant l’accès à la justice qu’on viendra à bout de la violence et de l’impunité. Des dizaines de millions d’enfants sont exploités, maltraités, forcés à commettre des crimes inimaginables. Cela suffit, c’est intolérable! On ne peut violer, torturer, tuer des enfants en toute impunité. »

Décourager l’inconduite morale

La Dre Nutt croit qu’il faut discuter ferme afin de trouver de moyens de responsabiliser tous les acteurs de la guerre, individus, entreprises internationales, gouvernements étrangers :

« Pensez à l’effet que cela aurait si une jeune fille congolaise comme Aline poursuivait en justice une de ces grandes entreprises pour complicité dans la souffrance? Peut-être que cela suffirait pour décourager l’inconduite morale. Au nom de tous les enfants de la guerre, je vous demande, ce soir, votre soutien. Je vous demande de réfléchir à ce qu’ensemble nous pourrions accomplir », a conclu la conférencière qui, par son message profondément humain, a de toute évidence rassemblé et captivé son auditoire. Titulaire de plusieurs doctorats honorifiques, Dre Nutt travaille à la rédaction d’un livre, Damned Nations, qui paraîtra à l’automne 2011.

Sur cette photo de gauche à droite: Maître Gerry Apostolatos, président de l’ABC-Québec, L’honorable Louise Mailhot, présidente d’honneur, Docteure Samantha Nutt, conférencière, Maître Michèle Gamache, lauréate du prix Jules-Deschênes, Maître Rod Snow, président de l’ABC